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FAQ

1-Comment les sociobiologistes procèdent t-ils pour détecter des comportements ou des règles sociales qui peuvent avoir des racines biologique?

Une des meilleures raisons d’adopter une explication évolutionniste est son universalité, son omniprésence dans toutes les sociétés humaines, car cela serait une fabuleuse coïncidence que tout les peuples soient parvenus grosso modo à la même destination culturelle sans incitation génétique ou que depuis que l’homme est apparu sur terre qu’une valeur sociale se soit perpétuée pendant des centaines de milliers d’années sans qu’une seule culture ne la voit disparaître sans que cette valeur sociale ne soit inscrite en chacun de nous. Des exemples de telles valeurs universelles sont l’amitié, l’amour des proches parents, les différences d’appétit sexuel entre hommes et femmes, l’ambition, l’égoïsme. Cette approche est directement dérivée de celle d'Eibl-Eibesfeldt qui cherche ainsi à isoler chez le bébé humain des comportements innés, indépendants de toute expérience individuelle. Ainsi, lorsqu’il filme des enfants nés aveugles et des enfants nés sourds, il compare leurs expressions faciales à celles d’enfants « normaux» (nés sans déficit sensoriel apparent) dans les mêmes situations (l’enfant joue avec sa mère; l’enfant s’est heurté à un objet, etc.). Il n’observe aucune différence dans le sourire, le rire, les pleurs, les froncements de sourcils au cours de la «colère», etc. Eibl-Eibesfeldt y voit la preuve que tous les enfants ont les mêmes dispositions innées, quelles que soient les informations extérieures recueillies. Trois autres types de recherches le renforcent dans sa conviction:
- Ses propres études sur la comparaison des comportements de bébés qui appartiennent à des ethnies différentes: ainsi, à l’approche d’un étranger, tous les bébés ont les mêmes réponses de crainte et de détournement, quelle que soit l’ethnie.
- Ses recherches d’«universaux» du comportement humain chez les adultes : par exemple, il montre que le relèvement des sourcils (eye-brow-flash) apparaît chez l’adulte qui accueille un visiteur, quelle que soit son appartenance ethnique; cette universalité est, pour Eibl-Eibesfeldt, la preuve que le comportement «relèvement des sourcils» est codé dans le patrimoine génétique de l’espèce humaine.
- Les recherches de psychologie expérimentale sur les réponses du bébé, non plus à des stimulations spécifiques (au sens éthologique), mais à des stimulus physiques dont l’intensité, la fréquence, la durée, etc. peuvent être rigoureusement contrôlées à tout moment dans des situations standard. Par exemple, T. G. Bower (1971, 1974, 1977) a montré qu’à l’âge de deux semaines, l’augmentation des battements du pouls du bébé est la même lorsque celui-ci ferme la main sur un objet et lorsqu’on lui fait saisir un objet au moment où il avance la main en direction d’une image projetée sur un écran; en revanche, les battements du pouls augmentent lorsque le bébé ne «parvient» pas à prendre l’image de l’objet (lorsqu’on ne lui met rien dans la main). Pour Eibl-Eibesfeldt (1979) cela montre que le bébé s’attend à toucher ce qu’il voit; il considère que le bébé a une prévision innée des conséquences tactiles qu’entraîne son geste en direction du stimulus visuel. La conclusion de Bower va dans le même sens: il existerait dans le système nerveux du bébé des mécanismes innés qui lieraient les impressions visuelles au mouvement orienté de la main.

2-Si le darwinisme dit que chacun cherche à transmettre ses gènes à la génération suivante pourquoi certaines personnes n’ont pas ou ne veulent pas avoir d’enfants ?   

La sociobiologie fournit 3 réponses tout à fait complémentaires. La première est assez proche de ce qu’affirme Freud dans son livre Malaise dans la civilisation. Bien que l’être humain à la différence des autres animaux a un comportement apparent dont la plus grande partie est acquise et non innée, il ne possède pas moins un psychisme adapté à la vie au sein de tribus consanguines vivant de la chasse et de la cueillette et non à son environnement actuel, de ce décalage émerge un tas de dérèglements psychique et comportemental ; et un de ces troubles comportementaux est une des raisons qui explique le faible taux de natalité des sociétés dites développées. La seconde explication est aussi en partie d’origine freudienne. Selon la sociobiologie il existe une différence entre sexe et procréation, dans Introduction à la psychanalyse Freud dit : « tomber dans l’erreur qui consiste à confondre sexualité et reproduction, et par cette erreur vous vous fermez l’accès à la compréhension de la sexualité, des perversion et des névroses ». Chacun a pour instinct non pas de procréer, mais à chercher du plaisir dans l’acte sexuel, et comme dans notre EAE il n’y avait pas de contraception l’acte sexuel était équivalent à la procréation.
De plus, le grand anthropologue Malinowski avait observé que les indigènes des îles Tobriand, qui vivaient comme nos ancêtres avec une connaissance scientifique très limitée, ne faisaient pas la liaison entre sexe et procréation.

3-Quelle est la différence entre la sociobiologie et la psychologie évolutionniste ?

On peut dire que la psychologie évolutionniste c’est la sociobiologie appliquée à l’homme. Mais ceci est à demi vrai, car les sociobiologistes ont juste changé de nom ; le livre de Wilson qui introduisit le terme sociobiologie a provoqué de telles controverses, déclenché tant de procès d'intentions et induit une vision si caricaturale de la sociobiologie que le terme en a pâti. Nombreux sont ceux qui la pratiquent et qui, toutefois, préfèrent désormais éviter cette étiquette. Bien qu'unis par leur commune allégeance à un corpus de données scientifiques dense et cohérent, ils se font appeler écologistes behavioristes, anthropologues darwiniens, psychologues ou psychiatres évolutionnistes. Quiconque se demande ce qu'est devenue la sociobiologie doit savoir qu'elle a été sacrifiée sur l'autel de l'orthodoxie scientifique.

4-Et l’intelligence, que dit la sociobiologie sur cette faculté ? Est elle innée ?

C’est une des questions les plus fréquemment posées, et c’est aussi une de ces questions sans réponses ; d’après le Larousse, l'intelligence c’est la faculté de comprendre, de donner un sens, aptitude à s’adapter à une situation, alors que pour le petit Robert c’est la faculté de connaître, de comprendre. Nous butons là sur une première difficulté infranchissable : qu’est ce que l’intelligence ? Il y a autant de définitions différentes que de cheveux sur ma tête (je ne suis pas chauve !), ainsi toute étude sur l’intelligence devra d’abord trouver une bonne définition et ce n’est pas gagné d’avance, car chaque spécialiste a la sienne de définition sans qu’on ne puisse avoir un moyen sûr de sélectionner la meilleure, si toutefois il en existe une. Mais supposons qu’on ait trouvé une bonne définition de l’intelligence, comment pouvoir bien mesurer l’intelligence pour savoir qui est très intelligent et qui ne l’est pas, la majorité des « chercheurs en intelligence » utilisent le test de QI, le problème ici c’est que ce test n’est pas unique, chaque chercheur utilise son propre test, c'est-à-dire qu’il y a autant de tests de QI différents qu’il y a de chercheurs et tous ces tests ne donnent pas le même résultat sur une seule et même personne ( personnellement j’ai « testé » 2 tests, j’ai eu un résultat de 89 sur le premier et de 124 sur le second c'est-à-dire que pour un des tests je suis idiot et pour l’autre un individu brillant !!) ; de plus avec le même test et la même personne on ne peut avoir le même score. Tout ceci montre la perte de temps ainsi que la bêtise des « recherches » sur l’intelligence, de plus toutes ses recherches ne sont pas innocentes, la plupart ont pour but avoué de sélectionner les individus les plus intelligents pour les meilleurs postes, que ce soit à l’école ou dans le monde du travail, sans parler des détraqués eugénistes. Pour ma part je pense que ses testes de QI relèvent de l’imbécillité humaine pour certains et d’une sorte de racisme rampant pour d’autres, car si un individu est meilleur qu’un autre il aurait nécessairement une meilleure situation puisqu’il est meilleur, de plus en sociobiologie il n’y a pas de jugement de valeur au sein de la société, et en définitive il n’y a aucune preuve irréfutable et concrète qui prouve que quelque chose dénuée de définition qu’on appelle intelligence existe !

5-La sociobiologie justifie-t-elle le racisme comme le darwinisme social ?

Le darwinisme social introduit par Herbert Spencer, affirme que chez les êtres humains seul le meilleur survit, et le plus faible soit il disparaît soit il est dominé par le meilleur, ainsi fut justifié l’esclavage des noirs, la colonisation, capitalisme sauvage et un certain conservatisme politique. La stratification des classes sociales fut justifiée sur la base d’une naturelle inégalité des individus. De même, reformer la société interférera avec la nature car il faut selon cette théorie laisser la nature agir et ainsi le meilleur sera en haut et le mauvais en bas. Le pauvre est un inapte et ne devrait pas être aidé dans la lutte pour la survie.
Quant à la sociobiologie elle affirme que l'animal qui triomphe évolutivement n'est pas nécessairement le plus beau, ni le plus intelligent, ni le plus grand, etc. Bien sûr, cet animal est «le mieux adapté» à certaines conditions de vie : il a, à tel moment et dans tel lieu donné, des possibilités que d'autres n'ont pas. Mais il n'existe aucune échelle absolue qui permettrait de classer définitivement les animaux selon une hiérarchie idéale. Pour employer une image commode, il peut très bien arriver qu'une «infecte vermine» soit meilleure, biologiquement, que le lion, «roi des animaux»... Car d’un point de vue sociobiologique le meilleur c’est celui qui arrive à propager le plus ces gènes, c'est-à-dire qu’un primitif ayant une famille nombreuse est socio biologiquement meilleur qu’un riche scientifique New-yorkais diplômé de Harvard sans descendance et n’ayant ni frères ni sœurs.
De plus l’approche sociobiologique est totalement différente de celle des racistes ; un raciste cherche les différences entre les différentes populations humaines et prétend que ses différences sont d’origine génétique puis il classe ces populations du supérieur vers l’inférieur en toute subjectivité. Par contre un sociobiologiste cherche les points en commun entre toute les populations et les cultures humaines, et s'il en trouve une, il peut affirmer que ce point en commun a de forte chance d’être en partie d’origine génétique car tous les êtres humains ont une même origine et un même patrimoine génétique. Il ne faut donc pas confondre le point de vue de Wilson avec celui d'Herbert Spencer qui lui a utilisé la biologie darwinienne au plan social pour en faire une arme d'exclusion et de justification aussi bien du colonialisme que de la soit disant suprématie de la civilisation occidentale (en utilisant des arguments du type : « la nature sélectionne les plus aptes, les meilleurs éléments d'une espèce donnée, or la civilisation occidentale est la plus évoluée de celles qui ont été produites par l'espèce humaine, c'est donc que la civilisation occidentale est mieux adaptée et légitimée par nature à se faire obéir des autres civilisations » ). Très dangereuse sur le plan politique la théorie du darwinisme social élaborée par Herbert Spencer a servi par exemple à justifier la ségrégation entre noirs et blancs aux États-Unis. Elle est strictement opposée à ce que Darwin pensait lui-même, à ce que l'on puisse appeler son projet de " naturalisation des normes morales et des formes d'organisation sociale ".

6-Pourquoi la sociobiologie dérange ?

La sociobiologie est très controversée et critiquée, il y a 3 raisons à cela :
- Tant que la sociobiologie se contente d’expliquer l’animal, elle est saluée comme une réussite, mais dés qu’elle essaye d’expliquer l’homme, elle se trouve confrontée aux mêmes critiques qu’a eu à subir toute nouvelle science humaine. La sociobiologie considère l’espèce humaine comme une espèce animale parmi d’autres. Pour elle, les distinctions métaphysiques homme/animal, culture/nature, acquis/inné, esprit/matière sont devenues obsolètes pour caractériser l’humain. Ces distinctions ont eu pendant des siècles la fonction idéologique de flatter le narcissisme de l’homo sapiens qui s’auto attribuait ainsi un statut spécial, surnaturel, créature de Dieu. Cette fonction idéologique répondait à un besoin en fait bien naturel de marquage territorial permettant à l’espèce humaine de se différencier des autres espèces animales et ainsi de renforcer sa cohésion identitaire et l’expression de sa volonté de puissance dans le monde et sur les autres espèces. Comme le dit Lorenz : « Tous moyens sont bons à l’humanité pour défendre son estime de soi ». Certains affirment aussi que les sociobiologistes sont des « anti-humanistes » car leur théorie semble enlever toute humanité à l’être humain. Mais qu'est-ce que cela a à voir ? Depuis quand une science est-elle jugée sur la base de son « humanisme » ? Est-ce que pi est humaniste ? Est-ce que E=MC2 est humaniste ? La bombe ne l'est pas mais l'équation, elle, est vraie ou fausse ; c'est tout.
- La sociobiologie est mal comprise par certaines personnes qui y voient l’apologie du racisme, du fascisme et de la xénophobie. Dès l'abord, les attaques contre la sociobiologie précédèrent des réactions qui visaient moins le livre de Wilson que des ouvrages issus d'un darwinisme dépassé. Somme toute, la théorie évolutionniste s'est vue longtemps mêlée à certaines des pages les plus sinistres de l'histoire de l’humanité. Après avoir été associée à la philosophie politique du début du siècle, pour former la vague idéologie appelée « darwinisme social », elle fut prise en otage par des racistes, des fascistes ainsi que par les plus cyniques des capitalistes. Simultanément, elle a également contribué à propager des idées simplistes sur le fondement héréditaire du comportement, lesquelles vinrent à point nommé alimenter le détournement politique du darwinisme. Une réputation de barbarie, tant intellectuelle qu'idéologique, continue de lui être associée dans l'esprit de beaucoup d'universitaires et de profanes (certains allant jusqu'à confondre darwinisme et darwinisme social). De là, nombre de malentendus sur la sociobiologie.
- La sociobiologie est attaquée par les mandarins des sciences humaines actuelles pour une raison assez simple : la peur, oui tous ces sociologues, psychologues, ethnologues et j’en passe croient que la sociobiologie a pour but ultime de les absorber et de les remplacer. Disons le franchement : ils ont entièrement raison ! La sociobiologie pratique un grand nettoyage, elle élimine impitoyablement toutes les autres instances socioculturelles qui prétendent tenir un discours sur l'homme et la société. Tout comme les représentants des sciences sociales classiques, les historiens et les philosophes de l'histoire sont rejetés sans appel dans les ténèbres extérieures. Ils ne comprennent rien à la nature humaine, faute de « base scientifique». Les humanités sont elles aussi dédaigneusement repoussées. Être humaniste, cela signifie que l'on croit que la lecture d'Homère, de Tacite, de Rabelais, de Montaigne, de Cervantès, de Molière, de Swift, de Diderot, de Goethe, de Balzac, de Zola, de Proust ou de Joyce peut apporter quelque chose. Hélas, il nous faut déchanter. Ces auteurs ne connaissaient pas la sociobiologie ; et cela ne pardonne pas. Les philosophes proprement dits n'ont d'ailleurs rien à leur envier. Ils essayent de disserter sur les «valeurs humaines» ; mais en vain. La plupart du temps, ils n'ont pas de perspective évolutive ; aussi sont-ils réduits à «enregistrer leurs propres réactions affectives aux divers [systèmes moraux ou politiques] comme s'ils consultaient un oracle caché». En quoi ils sont dupes. Car «cet oracle réside dans les centres émotionnels profonds du cerveau, très probablement dans le système limbique, qui est un ensemble complexe de neurones et de cellules secrétant des hormones situé juste au dessous de la partie "pensante" du cortex cérébral». Ainsi s'explique la stérilité des diverses philosophies morales.
Selon Wilson, les psychologues, les sociologues et les psychosociologues auraient tort de s'imaginer qu'ils ont des droits particuliers. Du moins s'ils pratiquent la psychologie et la sociologie actuelles, dont les faiblesses et les erreurs sont évidentes. En fait, ces sciences ne sont pas seulement stériles ou mal cultivées : elles sont bâties sur le sable. Un jour, elles pourront retrouver une certaine légitimité. Mais, pour cela, il faudra qu'elles deviennent des «branches de la biologie». Robert Trivers, autre sociobiologiste, décrit l'avenir en termes catégoriques : «Tôt ou tard, les sciences politiques, le droit, l'économie, la psychologie, la psychiatrie et l'anthropologie seront, sans exception, des branches de la sociobiologie». Aujourd'hui, la sociologie est radicalement incapable d'atteindre à une juste connaissance des faits «sociaux». Elle ne progressera, que si la sociobiologie lui assure de nouveaux fondements.